Edouard Herriot

Edouard Herriot

Édouard Herriot, figure emblématique de la politique française du XXᵉ siècle, a marqué de son empreinte la ville de Lyon et la scène nationale. Né le 5 juillet 1872 à Troyes, il s’est illustré par une carrière riche et diversifiée, mêlant engagements politiques, contributions littéraires et actions municipales déterminantes. Son parcours reflète l’évolution de la France à travers les tumultes de la Troisième République, les guerres mondiales et les transformations sociopolitiques majeures.

Jeunesse et formation

Issu d’une famille modeste, Édouard Herriot manifeste très tôt un intérêt prononcé pour les lettres et les arts. Après des études brillantes, il intègre l’École normale supérieure, où il obtient l’agrégation de lettres en 1893. Passionné par la littérature, il consacre sa thèse de doctorat, soutenue en 1904, à « Madame Récamier et ses amis », témoignant déjà de son attachement à la culture lyonnaise.

Ascension politique à Lyon

En 1905, Édouard Herriot est élu maire de Lyon, une fonction qu’il occupera sans discontinuer jusqu’à sa mort en 1957. Son mandat est marqué par une modernisation ambitieuse de la ville. Il supervise la construction de l’hôpital Grange-Blanche, inauguré en 1933 et rebaptisé hôpital Édouard Herriot en 1935 en son honneur. Cet établissement, conçu par l’architecte Tony Garnier, est emblématique de l’architecture hospitalière moderne et témoigne de la vision progressiste d’Herriot en matière de santé publique. Sous sa direction, Lyon voit également le développement de son réseau de transports en commun, l’amélioration des infrastructures scolaires et la promotion de la culture, renforçant ainsi son rayonnement national.

Engagement national et international

Parallèlement à ses responsabilités locales, Édouard Herriot joue un rôle central sur la scène politique nationale. Membre influent du Parti radical, il en assure la présidence à plusieurs reprises entre 1919 et 1957. Son action est déterminante lors de la formation du Cartel des gauches en 1924, une coalition qui remporte les élections législatives cette même année. Nommé président du Conseil, Herriot occupe également le poste de ministre des Affaires étrangères. Durant son mandat, il œuvre pour l’évacuation de la Ruhr par les troupes françaises et reconnaît officiellement l’Union soviétique, marquant ainsi une ouverture diplomatique significative. Cependant, confronté à des défis financiers majeurs et à l’opposition des milieux économiques, son gouvernement chute en 1925.

Défenseur de la laïcité et de l’éducation

Fervent défenseur des valeurs républicaines, Édouard Herriot milite activement pour la laïcité et la démocratisation de l’éducation. En tant que ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts de 1926 à 1928, il promeut la gratuité de l’enseignement secondaire et soutient le concept d’école unique, visant à offrir une éducation égalitaire à tous les enfants, indépendamment de leur origine sociale. Son engagement en faveur de la culture se manifeste également par son soutien aux arts et aux lettres, contribuant à l’enrichissement du patrimoine culturel français.

Période de l’entre-deux-guerres et montée des périls

Durant les années 1930, Édouard Herriot continue d’exercer une influence notable au sein du paysage politique français. Réélu président du Conseil en 1932, son gouvernement est toutefois de courte durée en raison de divergences internes et de la complexité des enjeux économiques de l’époque. Face à la montée des extrémismes en Europe, Herriot adopte une position prudente, cherchant à préserver la paix tout en défendant les intérêts de la France. Son attachement aux institutions républicaines le conduit à s’opposer fermement aux mouvements antidémocratiques, affirmant la nécessité de préserver les valeurs de liberté et de justice.

Seconde Guerre mondiale et résistance

Lors de l’invasion allemande en 1940, Édouard Herriot, alors président de la Chambre des députés, est confronté à des choix cruciaux. Bien que s’étant abstenu lors du vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain, son opposition au régime de Vichy est manifeste. En 1942, en raison de son hostilité déclarée envers le gouvernement collaborationniste, il est placé en résidence surveillée, puis déporté en Allemagne en 1944. Libéré à la fin de la guerre, son engagement et son courage durant cette période renforcent son prestige et son autorité morale auprès de ses concitoyens.

Retour à la vie politique et dernières années

Après la Libération, Édouard Herriot reprend ses fonctions de maire de Lyon en 1945, témoignant de la confiance renouvelée des Lyonnais à son égard. Il est également élu président de l’Assemblée nationale en 1947, poste qu’il occupe jusqu’en 1954. Son expérience et sa sagesse sont alors précieuses pour guider la France dans les premières années de la Quatrième République. En 1946, il est élu à l’Académie française, reconnaissant ainsi ses contributions littéraires et intellectuelles. Parmi ses œuvres notables figurent « Dans la forêt normande » (1925), « La Vie de Beethoven » (1929) et ses mémoires intitulés « Jadis » (1948-1952). Affaibli par l’âge, il réduit progressivement ses activités publiques et s’éteint le 26 mars 1957 à Saint-Genis-Laval, près de Lyon.

Héritage et postérité

L’empreinte laissée par Édouard Herriot est profonde et multiforme. Son action en tant que maire de Lyon a transformé la ville, la dotant d’infrastructures modernes et d’une vie culturelle dynamique.