Le Biennale d’Art Contemporain de Lyon

La Biennale d’Art Contemporain de Lyon est un événement majeur de l’art contemporain en France. Elle a été créée en 1991 par Thierry Raspail et Thierry Prat et se tient tous les deux ans, en alternance avec la Biennale de la Danse de Lyon. Au fil des éditions, la Biennale a évolué, s’inscrivant dans des cycles thématiques et s’implantant dans différents lieux de la ville.

Origines et développement

Avant la création de la Biennale d’Art Contemporain, la ville de Lyon accueillait déjà des événements culturels d’envergure, notamment la Biennale de la Danse fondée par Guy Darmet en 1984. Dans les années 1980, après l’arrêt du Festival Hector Berlioz et d’une éphémère Biennale de Musique, Thierry Raspail, alors directeur du futur Musée d’Art Contemporain de Lyon, initie en 1991 une biennale dédiée à l’art contemporain.

Dès sa première édition, la Biennale de Lyon s’impose comme un rendez-vous incontournable, devenant la plus grande biennale d’art contemporain en France après la disparition de celle de Paris dans les années 1980. Depuis, elle a accueilli des centaines d’artistes internationaux et des centaines de milliers de visiteurs.

La Biennale s’organise autour d’une exposition principale, enrichie de deux plateformes additionnelles :

  • Résonance (depuis 2003) : un programme d’événements parallèles dans des galeries et institutions locales.
  • Veduta (depuis 2007) : un laboratoire de création et de médiation avec les habitants.

L’organisation de la Biennale

L’événement est organisé par l’association « Biennale de Lyon », qui gère aussi la Biennale de la Danse. Chaque édition est confiée à un commissaire ou une équipe curatoriale, sous une direction artistique. Thierry Raspail a structuré la Biennale en trilogies thématiques successives :

  • Histoire (1991-1995)
  • Globalisation (1997-2001)
  • Temporalité (2003-2007)
  • Transmission (2009-2013)
  • Modernité (2015-2019)

Après son départ en 2018, Isabelle Bertolotti prend la direction artistique de la Biennale.

Les éditions marquantes de la Biennale

Les premières éditions (1991-1995) : un démarrage prometteur

  • 1991 (« L’amour de l’art ») : Première édition avec 69 artistes exposés sur 7 000 m² à la Halle Tony-Garnier et au Musée d’Art Contemporain. Elle attire 73 000 visiteurs.
  • 1993 (« Et tous ils changent le monde ») : Une édition engagée qui accueille 89 000 visiteurs.
  • 1995 (3e Biennale, sans intitulé) : Consacrée à l’image mobile et au dialogue entre art et nouvelles technologies. Accueille 140 000 visiteurs.

L’expansion et la reconnaissance (1997-2007)

  • 1997 (« L’Autre ») : Commissaire Harald Szeemann, 86 artistes exposés sur 17 000 m².
  • 2000 (« Partage d’exotismes ») : Commissaire Jean-Hubert Martin, réflexion sur la mondialisation de l’art, avec 22 sections thématiques.
  • 2001 (« Connivence ») : Introduction de nouveaux lieux comme les Subsistances et l’Orangerie du parc de la Tête d’Or.
  • 2003 (« C’est arrivé demain ») : Début d’une trilogie sur la temporalité, commissariat du Consortium de Dijon, installation à la Sucrière.
  • 2005 (« L’expérience de la durée ») : Exploration de la perception du temps à travers l’art, avec Daniel Buren et Erwin Wurm.
  • 2007 (« 00s – L’histoire d’une décennie qui n’est pas encore nommée ») : Une Biennale sous forme de jeu collaboratif dirigé par Hans Ulrich Obrist et Stéphanie Moisdon.

Une Biennale en mutation (2009-2017)

  • 2009 (« Le spectacle du quotidien ») : Commissaire Hou Hanru, réflexion sur l’art et la société du spectacle. 165 000 visiteurs.
  • 2011 (« Une terrible beauté est née ») : Inspirée d’un poème de William Butler Yeats, commissaire Victoria Noorthoorn. 78 artistes exposés.
  • 2013 (« Entre-temps… Brusquement, et ensuite ») : Commissaire Gunnar B. Kvaran, exploration des récits contemporains à travers l’art.
  • 2015 (« La vie moderne ») : Commissaire Ralph Rugoff, questionnement sur la modernité à travers 28 pays représentés.
  • 2017 (« Mondes flottants ») : Commissaire Emma Lavigne, réflexion sur la mondialisation et l’abstraction contemporaine. 317 144 visiteurs.

Les éditions récentes et l’évolution (2019-2022)

  • 2019 (« Là où les eaux se mêlent ») : Une Biennale placée sous la direction artistique d’Isabelle Bertolotti et confiée aux commissaires du Palais de Tokyo. Première édition aux usines Fagor-Brandt. 273 000 visiteurs.
  • 2022 (« Manifesto of Fragility ») : Reportée à cause de la pandémie, dirigée par Sam Bardaouil et Till Fellrath. Exploration de la fragilité humaine et historique avec des œuvres de diverses époques et cultures.

Les lieux emblématiques de la Biennale

Au fil des éditions, la Biennale a investi plusieurs sites emblématiques de Lyon :

  • La Halle Tony-Garnier (1991-2001) : Un des premiers lieux d’exposition, remplacé par la Sucrière en 2003.
  • Le Musée d’Art Contemporain (macLYON) : Lieu central de la Biennale depuis 1995.
  • La Sucrière (depuis 2003) : Ancien entrepôt portuaire transformé en centre d’art.
  • Les Usines Fagor-Brandt (depuis 2019) : Nouveau lieu d’exposition majeur dans le quartier de Gerland.
  • Divers autres lieux : L’Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne, la Fondation Bullukian, la Gare Part-Dieu, le Parc de la Tête d’Or, l’Antiquaille, et plusieurs musées lyonnais.

Impact et influence de la Biennale de Lyon

Un rayonnement international

Avec sa longévité et son ambition curatoriale, la Biennale de Lyon s’est imposée comme l’une des plus importantes au monde, rivalisant avec celles de Venise, São Paulo et Istanbul. Son influence dépasse Lyon et attire des artistes et visiteurs internationaux.

Un modèle pour d’autres biennales

La structuration en trilogies et l’implication des curateurs extérieurs ont influencé d’autres événements d’art contemporain. De plus, la Biennale a su évoluer en intégrant des thématiques actuelles comme la mondialisation, la mémoire, l’écologie et la fragilité sociale.

Un moteur pour la scène artistique locale

La Biennale a dynamisé la scène artistique lyonnaise, favorisant l’émergence d’espaces indépendants et le développement d’un réseau d’art contemporain dans la région. Résonance et Veduta permettent d’impliquer les artistes locaux et les habitants dans le projet.

Conclusion

Depuis sa création en 1991, la Biennale d’Art Contemporain de Lyon s’est imposée comme un événement majeur du paysage artistique international. Par son renouvellement constant, son ouverture à de nouvelles problématiques et son ancrage territorial fort, elle demeure un rendez-vous essentiel pour l’art contemporain.

La Biennale continue d’innover et de s’adapter aux mutations du monde de l’art, avec l’ambition de proposer à chaque édition une expérience unique aux visiteurs et aux artistes.