


Le Palais de la Bourse, également connu sous le nom de Palais du Commerce, est un édifice emblématique du 2e arrondissement de Lyon, en France. Ce bâtiment majestueux, inauguré en 1860 par l’empereur Napoléon III, est un témoignage architectural et historique de l’importance économique de Lyon au XIXe siècle. Inscrit au titre des monuments historiques depuis le 10 février 1994, il demeure aujourd’hui le siège de la chambre de commerce et d’industrie de Lyon.
Histoire du Palais de la Bourse
La construction du Palais de la Bourse s’inscrit dans un contexte de modernisation urbaine sous le Second Empire. En effet, le préfet Claude-Marius Vaïsse mène une vaste opération d’aménagement de la Presqu’île de Lyon, incluant l’ouverture de nouvelles artères et la création d’édifices publics d’importance. C’est ainsi qu’en 1853 est prise la décision d’ériger un palais destiné à regrouper diverses institutions économiques et financières : un musée d’art et d’industrie, des magasins, la compagnie des agents de change et des courtiers en soie, ainsi que la chambre de commerce et le tribunal de commerce.
Le 4 août 1854, l’architecte René Dardel est choisi pour mener à bien ce projet ambitieux. Ce dernier est déjà reconnu pour ses réalisations à Lyon, notamment le pont la Feuillée et les halles couvertes de la rue de la Martinière. Les travaux débutent en 1856 et la première pierre est posée le 15 mars de la même année. Quatre ans plus tard, le 25 août 1860, le palais est officiellement inauguré en grande pompe par Napoléon III et l’impératrice Eugénie.
Un centre financier de premier plan
Dès sa création, la Bourse de Lyon joue un rôle économique majeur en France. En tant que principal marché régional, elle voit émerger en 1845 un parquet qui prend rapidement de l’ampleur. L’activité boursière atteint son apogée au début des années 1880, mais elle est brutalement frappée par la crise de 1882, qui provoque l’effondrement du marché. Malgré cette période difficile, la Bourse de Lyon parvient à se redresser grâce à l’essor de la Coulisse et en adoptant une stratégie d’admission de nouvelles valeurs. Elle attire ainsi les ordres des arbitrageurs du marché non officiel parisien, renforçant son dynamisme.
Durant les années 1920, Lyon devient un haut lieu de la spéculation, notamment autour des entreprises exploitant la houille blanche des Alpes. Cette période voit la capitalisation des bourses de province multipliée par neuf entre 1914 et 1928, atteignant 16 % de la capitalisation totale française. La Bourse de Lyon bénéficie de cette expansion grâce à des réformes favorisant l’admission à la cote des petites entreprises locales.
L’essor de l’hydroélectricité constitue une autre transformation majeure. La consommation électrique française quadruple au cours des années 1920, et la production hydroélectrique est multipliée par huit. Ce développement permet de relier les deux principales zones énergétiques du pays : le sud, où l’hydraulique prédomine, et le nord, dépendant du charbon. L’hydroélectricité devient ainsi un secteur clé de la Bourse de Lyon, qui joue un rôle de financement pour les infrastructures liées à cette révolution énergétique.
Un édifice aux multiples fonctions
Bien que conçu à l’origine pour accueillir plusieurs institutions économiques et judiciaires, le Palais de la Bourse voit progressivement certaines de ses fonctions évoluer. Parmi les institutions qu’il a abritées au fil du temps, on compte :
- Le tribunal de commerce,
- La Compagnie des courtiers en soie et marchandises, qui quitte le bâtiment en 1867,
- Le conseil des prud’hommes, qui y siège jusqu’en 1927,
- Le Crédit lyonnais, dont le siège s’y trouve jusqu’en 1934.
Un événement tragique marque également l’histoire du bâtiment. Le 24 juin 1894, le président de la République Sadi Carnot est assassiné par l’anarchiste Sante Geronimo Caserio à la sortie du Palais de la Bourse, sur la rue de la République. En mémoire de cet assassinat, un pavé rouge et une plaque commémorative ont été installés à l’endroit exact du drame.
Une architecture imposante et raffinée
Le Palais de la Bourse est un chef-d’œuvre architectural mesurant 56,6 mètres sur 64,5 mètres. Son design se distingue par quatre pavillons d’angle et une vaste salle centrale, la Salle de la Corbeille, qui s’élève sur toute la hauteur du bâtiment.
Les façades du palais sont richement ornées, reflétant sa vocation économique et industrielle. Parmi les statues qui ornent l’édifice, on retrouve des allégories de la Justice, de la Tempérance, de l’Agriculture, du Commerce et de l’Industrie. Les façades nord et sud se démarquent par leur opulence, avec des entablements sculptés, des balcons majestueux et des colonnes imposantes.
L’intérieur du bâtiment est tout aussi impressionnant. De nombreux plafonds sont ornés de peintures réalisées par des artistes lyonnais renommés tels qu’Antoine Claude Ponthus-Cinier et Jean-Baptiste Beuchot. Ces fresques confèrent une atmosphère solennelle et raffinée aux salles du palais.
À l’extérieur, au pied de l’escalier donnant sur la place des Cordeliers, se trouve une statue en marbre blanc réalisée par le sculpteur André Vermare en 1905. Cette œuvre représente une allégorie dans laquelle le Rhône et la Saône, personnifiés, joignent leurs bras en pointant vers l’avenir, symbolisant l’union et la prospérité de la région lyonnaise.
Un lieu toujours actif aujourd’hui
Aujourd’hui, le Palais de la Bourse continue d’accueillir la chambre de commerce et d’industrie de Lyon. Il reste un lieu incontournable pour les événements économiques, culturels et institutionnels de la ville. Conférences, salons professionnels, et réceptions s’y tiennent régulièrement, perpétuant ainsi son rôle central dans la vie économique lyonnaise.
Ce bâtiment historique est également un attrait touristique majeur. Son architecture grandiose et son histoire riche en font un lieu de visite prisé, notamment lors des Journées du Patrimoine, où le public peut découvrir l’intérieur somptueux du palais et en apprendre davantage sur son rôle dans l’histoire économique de Lyon.
En somme, le Palais de la Bourse est bien plus qu’un simple édifice historique. Il est un symbole du dynamisme économique de Lyon, un témoignage du passé industriel et financier de la ville, et un lieu toujours actif au service de son développement. Sa construction sous le Second Empire, son rôle dans l’histoire boursière française, et son architecture raffinée en font l’un des joyaux patrimoniaux de la ville de Lyon.